Hygge, c’est une histoire un peu folle, partie sur un coup de tête, et une belle aventure familiale. Tout démarre une semaine de vacances de Noël 2015 où il fait trop beau pour aller skier, mais pas assez pour randonner. Quelques vitrines d’agence immobilières, et l’idée naît : pourquoi ne pas se lancer dans un projet immobilier à la montagne ? Mais dans un vrai projet, où l’on maîtrise tous les aspects, où l’on ne dépend pas de tiers et d’intermédiaires, où on peut aller au bout de ses idées, bref, où on définit soi-même les contraintes de sa liberté !!
“ Ressourcez vous, évadez vous le temps d’une pause en découvrant les Pyrénées grâce au Chalet HYGGE ”
Jeff & Marisa
Et surtout l’envie de créer un lieu où l’on se sente bien, où l’on ait envie de se retrouver, de partager des moments comme suspendus dans le temps, de rire ensemble, de se taquiner, de jouer, avec l’ivresse de l’immensité des montagnes en toile de fond, comme recroquevillé dans un cocon protecteur et chaud. Un endroit à la fois élégant et fonctionnel, épuré et raffiné, un endroit où l’on puisse aller au bout de ses idées...
Et puis, marre de ces cages à lapin dans des immeubles impersonnels où à 21h00 les premiers voisins tapent sur les murs en beuglant “c’est pas bientôt fini ce raffut ?”, où ceux du dessous ne fument pas du tabac, et l’odeur passe par “on ne sait où”, où la barre du clic-clac rentre dans les côtes après la journée de ski, où les patates mettent des heures à cuire car la plaque chauffante en a assez de chauffer, ou l’odeur de la raclette est présente pendant 3 jours parce que la ventilation (quelle ventilation ????), où à 02H00 une odeur bizarre réveille “mais pourquoi tu a mis tes chaussette sur le radiateur électrique (le “grille-pain”) !!??”
Nous avons fait quelques visites dans le neuf, et beaucoup dans l’ancien. Beaucoup dans l’ancien. Et même dans le très ancien. Au bout de 7 mois de recherche active, de tour des agences, de blabla et même d’offres refusées (dans l’ancien bien ancien !!); enfin un bien sort du lot qui nous fait envie, qui nous permet de nous projeter: emplacement idéal, qualité de la structure, cachet de la bâtisse, accessibilité, espaces, il rassemble et ressemble à ce que nous voulons et pouvons faire
Après quelques péripéties et quelques surprises liées au diagnostic avant-vente, en Décembre 2016, nous devenons propriétaires du chalet… Nous arrivons tous les quatre en famille, la veille de Noël et y passerons un premier réveillon en mode “camping”, avec le seul feu de cheminée pour nous réchauffer – le chauffage ayant été coupé des mois auparavant – à dormir dans nos sacs de couchage “grand froid” sur nos matelas gonflables. Notre première raclette sur une cagette, sur une couverture de déménagement, à même le sol, devant le feu de cheminée, reste ancré dans nos mémoires… Ca ne ressemblait en rien au “Comfort” d’aujourd’hui !!
année de réflexion, de projection et de … démolitions !! Comment s’approprier les lieux, comment les transformer ? 3 niveaux, 255m² de plancher, que faire ? Où ? Vacances et week-end d’hiver et de printemps : on partage, on échange avec les amis, les copains, la famille. On démolit aussi (là, il y a moins de monde que pour la raclette )!! Les ponts de Mai, les congés d’été et ceux de l’automne nous servent à arracher, casser, démonter, enlever… A tous les 4, avec Isabella, 12 ans, Edouard, 15 ans, le marteau piqueur TITAN de BricoDépôt acheté (24kg, 45 Joules d’impact), c’est 35 tonnes de gravats qu’on aura enlevé à la pelle, et à la brouette : toutes les cloisons en briquettes et plâtre et toutes les chappes en béton et les carrelages du chalet… Sans compter les voyages incalculables à la déchetterie sous la pluie, le vent, la neige ou la canicule pour enlever les lambris horribles, les papiers peints fleuris, les tapisseries en vieux tissus urticant, la laine de verre pleine de nids de rats, les cuisines du siècle dernier, les bacs de douches et autres faïences, et toutes les breloques entassées dans tous les coins du grenier ou du garage…
Et ce voyage d’anthologie chez le ferrailleur avec tonton GG, l’homme et demi, où nous avons entassé dans le pick-up et la remorque la chaudière au fioul, des dizaines de tubes en acier, de tuyaux en cuivre et en plomb, de rouleaux de fils de cuivre, des cagettes de vieux robinets, des baignoires en fonte, et où, dans un dernier effort nous avons hissé à la frontale ces maudits radiateurs en fonte qui pesaient une tonne (non, 182kg pour le plus lourd) pour les vendre une misère sur le Bon Coin alors qu’ils nous ont coûté un disque intervertébral… Heureusement que “papi Serge” nous prêtait son studio cabine de la résidence des “Grand Pré”: il nous aura servi de “camp de base” pendant toute la durée des travaux !
On s’était dit qu’on pourrait peut-être conserver certaines parties, mais plus en avançait dans la démolition, plus il devenait évident qu’il faudrait ne conserver que les murs, les dalles et le bardage : tout le reste serait à remplacer ; ce qui fût fait !! L’aventure patrimoniale se transformait en aventure entrepreneuriale : c’est ce qu’il a fallu expliquer aux banques !! Tous ces moments de sueurs, de sang parfois, passant des pleurs aux fous rires dans la même minute, des moments de découragement aux moments de folles envie, tous ces moments de vie intenses nous ont permis de nous approprier les lieux, d’y voir plus clair dans le projet, et de choisir un cabinet d’architecte pour nous accompagner… Là encore, nous n’avons pas fait dans la demi-mesure: de jeunes femmes rompues aux outils numériques et capables de nous montrer leur travail en distanciel, qui comprenaient nos idées et pouvaient nous en apporter… Difficile à passer auprès des artisans locaux habitués à certains cacochymes ayant pignon sur rue et travaillant … au croquis !! D’ailleurs, ceux qui ont fait des réflexions “douteuses” n’ont pas été retenus !!
c’est en Mars que les travaux commencent. Livraison prévue en Novembre. Malgré nos emplois du temps chargés, nous essayons de nous rendre le plus souvent possible sur place et confions la réalisation à un Maître d’Œuvre local. Le planning a du mal à être figé. Dès l’été, les premiers glissements s’opèrent et à l’automne il apparaît évident que la réception de se fera pas cette année. Après quelques réunions houleuses, des meubles et des cuisines livrés et bâchés, un entrepreneur peu scrupuleux qu’il a fallu aller chercher chez lui “au retour de vacances”; la livraison n’aura pas lieu en 2018… Mais nous avons bien l’intention d’y passer le réveillon du Nouvel An: le dit entrepreneur (qui s’occupait du lot plomberie / électricité) nous promet que l’eau chaude et le chauffage seront terminés pour Noël; le chauffagiste intervenant le 28 pour “mettre en route” les PAC’s… En fait, il n’arrivera pas à mettre en route les PAC’s ce jour-là, pour de multiples raisons, je me rappelle notamment que les circuits aller et retour étaient montés à l’envers (il n’a pas tout voulu nous dire pour ne pas nous accabler). A 21h00, il termine de nous réparer la fuite de la baignoire, et aux tuyaux d’eau chaude et froide inversés près, nous pouvons nous laver !! Il faudra se chauffer avec le poêle !! Heureusement, dans les alles de bain, les radiateurs sont électriques … C’est Gillou et sa petite famille qui sont venus passer le réveillon avec nous pour ne pas nous abandonner dans notre peine… Après s’être bien chauffés le cœur et l’âme, nous échangeons sur le choix du nom pour le chalet, que nous n’avions toujours pas arrêté… En parlant de ce que nous faisions et voulions faire, lui qui voyage souvent dans les pays scandinaves, il nous a dit que c’était très hou-ga comme endroit… Comment ? hygge ? Et voilà le chalet baptisé. Ce sera le chalet “Hygge”, et les noms des appartements arrivent dans la foulée !! La réception convoquée fin Janvier 2019 est catastrophique. La liste des réserves est interminable et ce même entrepreneur abandonne le chantier début Mars, se met en liquidation en Juin… Commence le début des recours juridiques et une évidence : l’hiver 2019 est loupé, il faut à tout prix sauver l’été et … finir soi-même l’électricité, la plomberie. Les banques n’attendent pas, et aucun artisan ne veut passer derrière des incompétents …
c’est la mise sur le marché, fin Mars. En mode dégradé et partiel. Mais il faut se lancer, rembourser les crédits, et commencer à rencontrer et comprendre nos clients : ce qu’ils viennent chercher, ce qu’ils aiment. Comfort et Cosy sont terminés « à l’arrache » et « en gros » ; Cocoon n’est pas louable : les parois de douches sur mesure payées n’ont pas été commandées… Entre autres !! La domotique et l’aspiration centralisée ne fonctionnent pas, l’éclairage extérieur n’est pas posé, l’intérieur pas fini, 72 points sont ouverts sur le constat d’expertise judiciaire… Mais l’Office du Tourisme, à travers son “Club des Ambassadeurs” nous a suivi et apporté une aide décisive sur les aspects de commercialisation, et nous a conforté tout au long de notre projet. Un support qui nous a permis de tenir le coup dans les nombreux moments difficiles et désespérants… Grâce aux photos de leur photographe – partenaire, nous avons pu mettre nos annonces sur Airbnb…